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    La tempête Benjamin a-t-elle vraiment été exceptionnelle ?

    La tempête Benjamin a secoué la France ce jeudi 23 octobre 2025. Si les médias ont évoqué une "bombe", l'intensité de cette tempête est restée très classique dans la plupart des régions. Cela n'a pas empêché des dégâts.

     

    Dépression très creuse et vents forts étendus

    La tempête Benjamin s'est creusée au dessus de la Manche durant la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 octobre 2025. Celle-ci a connu un renforcement rapide, bien que légèrement inférieur aux critères qualifiant une "bombe météorologique". C'est sur le sud de la Mer du Nord, vers l'extrême nord de la France et la côte belge, que les pressions ont atteint leur niveau le plus bas. En matinée du jeudi 23 octobre, Benjamin pointait à 972,4 hPa à Calais, une pression particulièrement basse, notamment pour un mois d'octobre.

    Carte des pressions en matinée du jeudi 23 octobre 2025 - wxcharts.com

     

     

    Située au sud de la dépression, la France a subi de fortes rafales de vent sur la quasi-totalité du territoire. L'étendue des vents forts est impressionnante mais leur intensité le fut moins. C'est sur le littoral de Seine-Maritime, au plus près du cœur dépressionnaire, qu'ont soufflé les vents les plus puissants. Au sémaphore de Fécamp, on a relevé 161 km/h avec un vent moyen de 105 km/h ! Sur la côte atlantique, on a enregistré 132 km/h au Cap Ferret, 138 km/h à Belle-Île et 142 km/h sur l'Île de Ré. Des rafales de 120 à 130 km/h ont aussi été mesurées sur les hauteurs de l'Auvergne et dans le domaine de la tramontane. Le soir, on a relevé jusqu'à 168 km/h au Cap Corse ! 

    Rafales de vent maximales mesurées sous la tempête Benjamin ce jeudi 23 octobre 2025 - meteonews.ch

     

    En revanche, il est intéressant de noter que les rafales supérieures à 100 km/h sont restées locales dans l'intérieur des terres. On en a enregistré quelques unes du centre-ouest à la Bourgogne-Franche-Comté ou sur l'extrême nord du pays, généralement entre 100 et 110 km/h. Les rafales tempétueuses (> 100 km/h) étaient donc loin d'être généralisées en dehors des littoraux, c'est pourquoi Benjamin ne restera pas dans les annales en tant que tempête majeure.

     

     

    Nombreuses chutes d'arbres et 140.000 foyers sans électricité

    La Seine-Maritime fut l'une des zones les plus touchées. Située au plus près du cœur de la tempête Benjamin en fin de nuit et début de matinée, sa frange côtière a essuyé des rafales particulièrement puissantes. On a mesuré 119 km/h à Dieppe, 149 km/h au Cap de la Hève et 161 km/h au sémaphore de Fécamp (avec un vent moyen à 105 km/h) ! À l'heure de partir au travail, la circulation était fortement perturbée avec de nombreuses chutes d'arbres bloquant les axes routiers.

    Chute d'arbre à Fécamp (76) en début de matinée du jeudi 23 octobre 2025 - photo Jocelyn Hache

     

     

    Les régions de l'est n'ont pas été épargnées par la tempête Benjamin. Certaines localités ont enregistré des rafales à plus de 100 km/h. On peut noter les 109 km/h de Lons-le-Saunier dans le Jura, un record en octobre ! Dans le Haut-Doubs, la station de Pontarlier a enregistré une bourrasque de 120 km/h au passage du front froid jeudi matin ! De nombreux dégâts ont été signalés dans la commune.

    Gros dégâts à Pontarlier (25) au passage de la tempête Benjamin ce jeudi 23 octobre 2025 - photo Laurent Lepeule

     

     

    La tempête Benjamin a aussi affecté les départements méditerranéens. À Bessan dans l'Hérault, un arbre est tombé sur une voiture, fort heureusement sans blesser son conducteur. On a relevé jusqu'à 108 km/h à Béziers, une valeur assez peu commune pour la ville. Dans le couloir de la tramontane, Perpignan a enregistré 127 km/h et le vent a soufflé jusqu'à 133 km/h à Leucate ! Le Var et les Alpes-Maritimes ont aussi été touchés avec des rafales de 130 à 145 km/h mesurées sur les caps exposés et les reliefs. En Corse, on a relevé jusqu'à 168 km/h à Cagnano dans le Cap Corse.

    Chute d'arbre sur une voiture à Bessan (34) ce jeudi 23 octobre 2025 - photos Stéphane Pépin-Bonet

     

    Au total, jusqu'à 140.000 foyers ont été privés d'électricité en France. Si l'intensité de la tempête n'a rien d'exceptionnel, son étendue géographique est peu commune. Très peu de régions ont échappé aux vents forts ce jeudi.

     

     

    Mer déchaînée et retour de la neige en montagne

    La houle était particulièrement importante en Manche et sur l'Atlantique. À marée haute, quelques phénomènes de submersion ont été observés sur les littoraux les plus exposés. Ce fut par exemple le cas à Granville dans la Manche, comme le montrent les images ci-dessous. Au large des côtes bretonnes, une bouée située au large de Belle-Île a mesuré une houle atteignant jusqu'à 14,4 mètres

    Forte houle et submersion à Granville (50) ce jeudi 23 octobre 2025 - vidéo Michel Corinne

     

     

    Avec la bascule du flux au secteur nord-ouest à l'arrière de la dépression, de l'air frais s'est engouffré sur le pays et a fait chuter la limite pluie/neige dans le nord des Alpes. Sous un vent tempétueux, la neige s'est mise à tomber dans les stations, comme le montrent les images ci-dessous prises à Bonneval-sur-Arc en Savoie. Dans le courant de la nuit prochaine, la limite pluie/neige va descendre jusqu'à 1200 mètres sur le nord de la chaîne alpine et les premières neiges de la saison concerneront les Vosges.

    Neige et vent tempétueux à Bonneval-sur-Arc (73) ce jeudi 23 octobre 2025 - vidéo Christophe Charrier

     

    Auteur : Alexandre Slowik